patronyme - andrew waylis, caporal waylis. âge - vingt-cinq ans. date et lieu de naissance - né à philadelphie (pennsylvanie, états-unis). sans importance pour le jour. nationalité et origines - américain, lointaines origines danoises. ancien métier - militaire de l'armée de terre américaine, première classe caporal, déserteur. statut civil - à abattre.




c'était forcé - les majuscules rouges, tamponnées sur le dossier restent gravées sur la rétine de mes yeux. je les vois encore, à chaque fois que je ferme les yeux. et cette même boule qui se forme dans ma gorge dès qu'elles apparaissent. « stop-lossed ». c'était sans équivoque. non négociable. j'allais devoir y retourner. là-bas. l'enfer. l'enfer différent de celui de dante. l'enfer dans le sable qui vous ronge les dents, les gencives, la peau. qui s'incrustent dans chacun de vos pores, qui vous fait sentir golem. le véritable enfer, celui dont j'ai la certitude qu'il existe. celui qui vous consume autrement qu'avec ses flammes. celui qui vous brûle, mais de l'intérieur. qui vous détruit. qui vous change un homme. cet enfer, que j'ai vécu, là-bas. wardak. wardak et ses enturbannés. wardak et sa chaleur. son malheur. wardak et la peur grouillante, constante. j'allais devoir y retourner. et peu à peu, les gens s'effacent, comme manger par l'obscurité qui semble nous éprendre. ma gorge se serre, mes yeux deviennent humides. mes dents viennent manger ma lèvre. et, d'un geste rapide, j'attrape la feuille, la déchire. sans comprendre pourquoi, pourquoi je faisais ça. sans même m'en rendre compte. et comme si ça n'était pas suffisant, mes dents prennent le papier et continuent le travail de mes mains. et, sous les yeux du sergent major martin, face à moi, à la terrasse de ce café, je sens mes joues se mouiller.
c'est comme ça que ça a commencé. parce que je ne voulais pas. je ne voulais plus. tout ça, c'était trop, trop dur, trop infernal. je ne pouvais pas. alors à peine rentré chez moi, j'ai commencé mes valises, en me rappelant comment c'est, là-bas. en me remémorant le pourquoi du comment, ce qui fait que j'ai la gorge et les poings serrés lorsque le moindre souvenir me revient en mémoire. le pourquoi les gens me fixent dans la rue. comme s'ils savaient. parce qu'ils savent. ils savent, mais ils ne veulent rien dire. alors j'ai pris tout ce qui me tombait sous la main. les vêtements. les papiers d'identités, que j'avais envie de brûler. je voulais disparaître. que mon nom ne soit plus sur leur liste. qu'il s'efface, se raye, se fonde. que l'encre coule pour ne laisser plus qu'une traînée noire là où repose sur le papier « andrew waylis, première classe caporal : stop lossed ». alors je suis partie. je suis devenu l'ennemi de l'us army. le chien. le déserteur. l'homme à abattre.
mais je suis partie quand même. avec le seul qui pouvait réellement comprendre le pourquoi du comment.
avec vyron martin.

~ il combat l'aigle - c'est comme si elle avait su. comme si elle pouvait lire à l'intérieur de mes yeux. elle a planté son regard dans le mien, et à cet instant, tout disparu. les volutes des bâtons d'encens disparaissent, et l'odeur semble s'effacer, plus distante. ailleurs. et une drôle de sensation m'a envahi. comme si elle prenait possession de moi. depuis l'intérieur. comme si mon tatouage, celui comment aux soldats, se mettait à brûler, à consumer ma peau. je déglutis, sans pouvoir détacher mon regard du mien. le drapeau américain est en feu. il devient cendres. mais lui, contrairement au phénix, il ne renaîtra pas. il ne peut pas. il ne peut plus. et c'est comme un murmure qui s'est fait sentir au fond de moi. un murmure à l'intérieur de moi. mais c'était sa voix, sa voix à elle. claire. nette. mais lointaine. « ahiga dyami. » je n'ai pas eu besoin de lui demander. j'ai compris. comme une évidence. « il combat l'aigle. ».
~ le chameau - au début, j'ai cru à une mauvaise blague, à un coup du sort. comme si wardak, l'afghanistan allaient me hanter encore longtemps. le chameau. j'ai soupiré, j'ai secoué la tête. pas le chameau. pas un animal du désert. pas un animal avec lequel j'ai du vivre dans l'horreur, dans l'enfer, dans la merde. pas l'animal qui nous a regardé tomber les uns après les autres. pas ça. alors je me suis levé. en plein milieu. comme pour mettre un terme à tout ça. non. mais elle m'a retenu. par les paroles. des paroles qui résonnent encore en moi, là, maintenant. comme si je ne pouvais m'en défaire. « il est le seul à pouvoir sortir du désert. il est le seul à connaître la traversée. ». et je me suis figé. je ne pouvais plus partir. pas après ça. alors je l'ai regardée. « le serpent, le scorpion y vivent et y meurent. l'homme n'en sort pas. il tombe sur ses genoux, n'est pas capable de quitter l'enfer de sable. le chameau, lui s'en sort. ». je n'ai rien pu dire.
le chameau a toujours été utilisé en orient. le seul véritable allié des hommes. le seul capable de les emmener, loin. il est leur force. leur stabilité. il est la patience. celui qui pousse à la tolérance et la sagesse. à la réflexion et au contrôle de soi. il est le roi du désert, plus que n'importe quel sultan. il est la résistance. le roseau qui plie sans se casser au milieu des chênes qui se brisent autour de lui. il sait sortir du désert.
j'ai su le quitter.

les odeurs font tourner la tête. la fumée brouille la vision. et soudain, soudain.. on ne peut plus rien. on est emporté, transporté. comme dans un souvenir dont on ne sait pas vraiment s'il en est bien un ou non. entre le cauchemar et la mémoire. entre l'inconscient et le refoulé. perdu. et tout est là.

Stop-loss is a term primarily used in the United States military. In the U.S. military, it is the involuntary extension of a service member's active duty service under the enlistment contract in order to retain them beyond their initial end of term of service (ETS) date and up to their contractually agreed end of obligated service (EOS).

Since September 11th, 2001,
650,000 AMERICAN TROOPS HAVE
FOUGHT IN THE AFGHANISTAN
AND IRAQ CONFLICTS.
81,000 OF THOSE AMERICAN TROOPS
HAVE BEEN STOP-LOSSED.

- Waylis, Burgess, Stuart, Johnson, bougez votre cul, grimpez dans la Jeep !
Les sourcils d’Andrew se froncent en entendant la voix dure, forte, autoritaire du sergent martin. Quelque chose ne va pas. Ce n’est pas comme le checkpoint habituel. Ça sent la merde à plein nez, il le sait, il le sent. La merde de ces putains de talibans, de ses enfoirés qui l’on fait s’enterrer à des milliers de kilomètres de chez lui, avec des types qui, pour la plupart, ont dû être finis à la pisse.

kikou.