RITUEL.

Les rituels
RITUEL. W

Vous trouverez ci-dessous la description du rituel pour les animaux totems. Evidemment, cela ne se passait pas ainsi dans la réalité, à l'époque des amérindiens, et j'imagine que vous vous en doutiez. Cependant, le texte qui suit fut grandement inspiré par la réelle façon de faire des peuples amérindiens. En cas de questions, n'hésitez surtout pas.

LES ANIMAUX TOTEMS

C'est un rendez-vous à la tombée de la nuit, au sommet de la montagne, là où les lumières touchent la terre, là où les esprits nous rejoignent. La seconde étape de cette intégration à la communauté. Le feu attend le concerné, sagement, le séparant de Nanaka, dont le regard est strié par les flammes, comme une étincelle qui jamais ne s'éteindra, comme une promesse d'éternité dans ses pupilles. Autour d'eux, de l'encens brûle, monte aux narines. C'est un moment privilégié, qui n'arrive qu'une fois dans sa vie, et le concerné le sait. Peu importe d'où il vient, où il ira, il ne vivra jamais plus une telle expérience. Comme une communion avec la nature. Nanaka le fixe, lui demande de fermer les yeux, d'inspirer et d'expirer profondément. « C'est pour se détendre, tu ne dois pas être angoissé, dérangé. » Elle lui sourit, un sourire qui a beau être un peu édenté, mais qui est pour le moins rassurant. Alors, il s’exécute, parfois un peu perplexe. Est-ce que c'est réellement comme ce qu'on lui a dit ? Est-ce que ça va réellement se passer comme ça ? Personne n'assiste à ce rituel, personne en dehors de Nanaka et de lui. Il doit fermer les yeux, respirer, pour se calmer et se concentrer sur tout ce qu'il a en lui, sur tout ce qui fait qu'il est lui. Vider son corps des mauvaises choses, le vider entièrement. Ne garder que le bon, car le bon est là seule chose essentielle. Comme un courant d'air passe à côté de ses oreilles. L'odeur de l'encens devient de plus en plus forte, et la fumée vient danser sous ses narines, vient jouer avec lui, dans lui, comme si elle embaumait son corps, répandant ses volutes et ses arabesques en lui. Son rythme cardiaque s'emballe tandis que les prières de Nanaka lui parviennent aux oreilles. Il n'a toujours pas le droit d'ouvrir les yeux. Il ne sait pas pourquoi, il ne sait pas comment, mais il le sait. Comme si la fumée en lui lui dictait ce qu'il doit faire ou non, s'il doit attendre ou si enfin il est autorisé à regarder. Et il a cette drôle de sensation, comme si quelqu'un venait l'enlacer. Mais l'enlacer à l'intérieur de lui. Comme si des doigts venaient doucement entourer son coeur pour en sentir chaque battements. Et il y a comme une voix en lui, qui lui parle dans une langue qu'il ne connait pas. Il rouvre les yeux. Des lumières jaillissent de tous les côtés, comme les éclats de verres à la fois brûlant et doux, magnifiques et terrorisant pour celui qui ne leur a jamais fait face. Et ils sont là. Ils sont tous là, il les voit, il les contemple, il les détaille. Ils dansent. Les esprits dansent autour de lui, comme si tous ses rêves étaient sortis de son coeur pour courir dans la réalité. Ils les entourent, ils sont tous là, tous. Même les anciens, ceux d'avant, ceux dont l'âme et l'esprit ont rejoint les lumières dans une immortalité que tout le monde leur envie. Ses yeux s'agrandissent, il ne peut s'empêcher de regarder tout autour de lui. Nanaka affiche son sourire édenté avec amusement en le voyant se tourner dans tous les sens. Doucement, elle murmure : « Regarde. » Malgré toute la musique qui lui enserre le coeur, qui semble se jouer dans sa tête, il l'entend. Comme si elle parlait à son âme, de son âme. Il tourne le regard vers elle, la détaille. Et soudain, il est là. Le sien, ce qu'il est. Son esprit, son totem, lui. Et pour lui, ce sera l'aigle.