patronyme - romeo stromboni âge - vingt-sept ans date et lieu de naissance - trois novembre ; Washington DC nationalité et origines - américaines ; italiennes ancien métier - voyageur camé statut civil - rêveur boudeur


arrivée à andesquacaon - Il est tout jeune, tout propre, tout frais encore, malléable. Il n'a pas l'air émerveillé, il ne passe pas son temps à rouler dans l'herbe, il marche, mains dans les poches, épaules relevées, il ressemble un peu à un adolescent, un adorable bambin, les cheveux ont perdu le rose, la verve de l'insolence, il paraît peut-être plus tranquille, peut-être, mais c'est probablement un leurre, probablement que l'année passée ne l'a pas tant changé, finalement il regarde toujours autant les nuages, il est toujours à la recherche de quelque chose. pourquoi ici ? - Ici par hasard, ici par l'errance des pas qui l'ont amené, qui l'ont tranquillement mené, il s'est posé, sans trop réfléchir, sans trop mesurer la conséquence d'un geste, il a enlevé ses godasses trouées et il s'est assis sur le bord de la falaise, il a observé les gens et les visages et sans trop demander, sans trop parler, il a décidé de s'arrêter, il a trouvé que c'était bien, un moment opportun, peut-être pas le mieux, peut-être pas le moment, mais que celui-là s'apparentait à quelque chose de bien, tout du moins. Le soleil, la neige, tout ça, ça l'a envahi d'une petite tranquillité étrange, changeant du constant remous de ses pensées ordinaires.

~ En vrai, le peuplier noir est lié aux Enfers, à la douleur, aux larmes, au sacrifice, probablement que la vie de T'iss est plus noire que ce qu'il pense, probablement qu'il est lié à la mort, il y a jamais réfléchi mais il en a connu, des gens morts, mais quoi, comme tout le monde, sûrement. Y'a que Mario, Mario avec qui c'était étrange, Mario ça l'a marqué, voilà, un peu. Le peuplier noir, parce qu'il est le plus haut des arbres, et qu'il ressort un peu, dans la forêt il est grand et droit et il s'élance vers le ciel et vers les rêves avec la force de tous les idéaux, il est plus le souvenir que la renaissance, il est un peu arrêté, bloqué, dans les larmes et la douleur du chemin des Enfers. sacré, peuplier noir sacré, quelle idée, sacré, l'arbre des lamentations ? T'iss quand il regarde les noms qu'on lui a donné il ne les comprend pas, pas encore ; il ne croit pas en dieu, il a même du mal à considérer la nature comme beaucoup ici la considèrent - quelque chose de supérieur, quelque chose de grandiose, non. Pour lui le sacré ne veut pas dire grand chose, peuplier noir, on lui dit que plus tard il comprendra, plus tard, plus tard, ça l'agace un peu, il se sent comme un gamin à qui on refuserait une friandise, un gamin qu'on prendrait pour un con, ils ont fait exprès, voilà tout, le sacré ils peuvent se le foutre dans le cul.

~ chauve-souris, ça il comprend mieux, il essaye tout du moins, enfin, quand il a le courage de réfléchir, le courage de se pencher sur ce genre de questions un peu trop philosophiques pour son cerveau atrophié. C'était compliqué d'accepter la révélation, d'accepter les esprits, pour son esprit un peu trop rationnel. La chauve-souris, c'est la mort spirituelle. Et t'iss et la mort, c'est toute une histoire, il la recherche et se cache à la fois, il a déjà vécu la renaissance, la renaissance ultime, c'est arrivé une fois : délirer, tomber, mourir, le vide, le vide, le vide, puis doucement, la renaissance, la reconstruction, le blanc qui se transforme, se colore, les mots qui apparaissent, douleur, aussi quelle idée de prendre de telles doses d'acide, oui vraiment, c'était une connerie, il a mis plus de six mois à s'en remettre, six mois de questions qui tournent en rond dans sa tête, six mois de reconstruction, six mois de psy insupportable. Franchement, quelle idée de lui foutre ce totem, la renaissance, encore, putain, il a déjà vécu ça, il a déjà dû oublier le monde, les règles, les mots, il a dû recréer dans son esprit sa vie, ses souvenirs, remettre en place les images, retrouver l'ordre, inventer les couleurs et les ombres, il a déjà fait ça, il est déjà fatigué, il est déjà paniqué - peut-être qu'il est encore mort. Peut-être qu'il n'existe plus. Derrière sa moue boudeuse il fait semblant de ne pas comprendre, ne pas comprendre que la renaissance promise n'a rien à voir, que ce n'est pas la même, que celle que lui miroite l'esprit ne sera pas douloureuse, au contraire elle sera belle, grande, pleine comme une large respiration d'air frais mouillé de mer. Lui qui dit abandonner le passé il reste en réalité accroché, tiens, d'ailleurs, s'il ne l'était pas, pourquoi est-ce qu'il aurait encore des pilules, au fond de son sac, après douze mois, douze mois il lui en reste, il les étale dans le temps et angoisse à l'idée que bientôt ses chères amphétamines auront disparues. Elle avertit lorsqu'il est temps de vous débarrasser d'une partie de vous-même. Il serait temps qu'il l'écoute, l'imbécile.

~ blanche poudre et les sept joints.

Il y a ce moment, ce moment au dessus de tous les autres. C'est ce moment là qu'il recherche. Ça n'a pas de rapport avec la K, la H, toutes ces initiales étranges, ces codes de camés, ces codes d'initiés qu'il connaît par cœur. DXM, DMT, 5-MAPB, 5-MEO-BFP, 4-HO-MET, la princesse aux cheveux longs n'a jamais été bonne en chimie, n'empêche, n'empêche, avec ses expériences de ouf, avec son anus défoncé au plug, elle en sait plus que ces infirmières qui devant son cas, devant son corps atrophié et son esprit dérangé, ne trouvent rien à faire, rien à dire, sinon aller chercher le médecin (« docteur, on ne sait pas quoi faire, on ne sait même pas ce qu'il a pris ») qui lui-même essaye d'inventer un remède, un sevrage, à ces molécules étranges, fruits de chimistes perturbés que Roméo prend plaisir à injecter dans ses veines, à enfoncer dans son cul.

Parfois la princesse avec ses cheveux roses elle rêve de partir au pays des hippies, elle rêve de remonter dans le temps, franchement, elle fait pas partie de ce monde là, elle rêve des années 70, de quand ils ont inventés la Dimethoxymethylamphetamine.

Mais le moment qu'il recherche, ce moment divin, ce moment comme ça, comme si le temps était arrêté ça n'a aucun rapport, ça n'a rien à voir avec la drogue, ça n'a même rien à voir avec le monde, avec les autres, avec lui-même, c'est supérieur et transcendant.

Bourré comme pas possible il ère dans les rues de Prague. Prague, ou Londres, ou Varsovie. Peu importe. Il marche à peine droit et quand il s'assoit sur le bord du perron d'une maison il se fait gueuler dessus par un groupe de jeunes qui gueulent qu'ils vont lui défoncer sa gueule de pédé, alors il se lève et il reprend sa marche, sa marche sans but, et chaque pas lui paraît un nouveau départ, une nouvelle étape vers une nouvelle conscience, vers un bonheur, une sérénité plus proche, il est pris d'une sorte d'euphorie, d'un bonheur complet à se retrouver ici, tellement proche de la ville, il en fait partie, il traverse la rue, il enjambe un trottoir, il effleure un mur, il ignore un passant, et à la fois il est tellement loin, il est hors de tout, c'est une sorte de plénitude étrange que de marcher dans la ville sans avoir de but, d'être autre, ailleurs, différent, et chaque pas l'éloigne, l'éloigne un peu plus des préoccupations superficielles de tous ces autres, de tous ceux qu'il ne comprend pas, il existe et rien de plus. Il est. Il fait partie de. Il est planète toute entière, le béton qui le soutient et le ciel qui l'observe, il est chaque branche d'arbre et puis chaque respiration, chaque instant, il existe tellement fort que ça lui donne le tournis et que ses yeux écartés dans le noir ne voient plus que le soleil.

C'est à ce moment là, ce long moment, qui n'est pas précis mais étiré, douloureux, compliqué, que lui est clairement apparu le fait que jamais il n'avait habité le monde. Roméo a parcouru les villes, il a connu les montagnes, il a vu le ciel, pourtant il n'a jamais regardé. Il n'a pas cherché à enlever les œillères, il n'a pas été curieux, il a vécu comme un aveugle, comme un enfant blasé, désabusé, il n'a pas cherché la beauté, il n'a pas su la voir, pas su la regarder, pas su en profiter, du rien qui se cache dans le tout, dans la respiration des autres, des murs, des arbres, dans le bonheur du vent, il a ignoré jusqu'alors, et d'un coup tout lui semble clair, limpide, la vie lui paraît plus pleine, plus belle. Les drogues qui coulent dans son sang ne rendent pas sa révélation plus anecdotique, au contraire elles le prennent tout entier, elles le transportent tant et tant qu'il n'a plus ses pieds dans le sol, qu'il n'a plus d'air dans ses poumons, qu'il n'est plus vraiment ici, là, qu'il est tout à la fois, planète entière.

pseudo/prénom - elise âge - vingt ans avis/autre - horrible, horrible, je déteste, d'ailleurs c'est pour ça que je suis ici malgré mes concours, je vous tiens responsable.