âge - dix-neuf ans. date de naissance - huit août. origines - quand sa mère raconte, c'est comme une évidence : sa famille n'a jamais connu que ça. et le sang qui coule dans ses veines serait la sève qui vit dans chacun des arbres du village. andesquacaon. rien d'autre. depuis le tout début. ce n'est pas tout à fait vrai, cependant. à ce qu'on raconte, son arrière grand-père était français. il est arrivé dans le village en suivant une luciole et il est tombé amoureux. d'une femme (espagnole) belle à vous couper le souffle. et du reste. de tout le reste. rôle dans la communauté - elle pêche. elle n'aime pas ça (l'immobilité, le calme trop plat, le silence) mais elle le fait bien. elle danse, aussi. elle danse comme elle vit. et quand elle danse, le soleil brille plus fort. statut civil - libre, follement libre. (elle en donne bien l'illusion, tant que le soleil brille.)

pour toi, andesquacaon, c'est quoi ? c'est bien, tu aimes ? ou tu voudrais partir ? - andesquacaon c'est mon sang, mon souffle, mes ailes, mes pas, mes nuits, les battements de mon coeur, mes espoirs, ma folie, ma fierté, mes jours, mon soleil, mes entrailles, mon ivresse, mon histoire, mes demain, ma lumière. pour rien au monde je ne quitterais le village et les souvenirs, sa nature que j'ai parfois l'impression de connaître comme ma poche, son calme et ses étoiles. je vis andesquacaon. je serais incapable ne serait-ce que de survivre ailleurs. quand les autres, ceux qui viennent de loin, ceux qui viennent du bout du monde, raconte l'ailleurs, j'ai envie de vomir, j'ai envie de mourir. je suis enracinée, ma vie est liée à jamais au village. aux gens. aux danses. aux légendes. aux feux. aux silences de la nuit, qui veulent tant dire. aux éclats du soleil et aux averses parfois salvatrices. ailleurs, ce n'est pas moi. ailleurs, c'est tout sauf moi.

~ kishi c'est la nuit. facile de s'y perdre quand elle vous avale. belle et follement sensuelle. noire et toujours au rendez-vous. c'est les barrières qui s'évanouissent et les étoiles qui brillent, tout là-haut, comme une putain d'invitation. c'est le silence et les secrets, ceux qu'elle n'ose avouer qu'à la lune, dans un chant hésitant. c'est comme le jour, mais en plus fort, en plus profond, en plus vrai. elle est née en pleine nuit, kishi, et ses yeux brillaient dans l'obscurité. comme s'ils avaient avalé la lune. ama c'est l'eau. limpide et presque transparente. calme, si calme en apparence. pourtant, quand on s'approche, quand on l'effleure, l'eau grogne : elle ondule, elle file entre vos doigts, elle se transforme parfois même en vagues immenses pour vous avaler tout entier. l'eau, c'est l'imprévu et le souffle nouveau quand, comme la pluie, elle vient apaiser vos brulures. et la catastrophe quand elle s'abat sur vous pendant trop longtemps.
~ le lézard, protecteur de la rêverie. elle n'assume pas vraiment, kishi. elle préfère dire : le lézard, reptile rapide et vif, animal à sang froid, toujours en quête de chaleur extérieure. mais kishi devrait apprendre à lire ses rêves. à les observer. elle apprendrait tant sur elle. mais elle secoue la tête. elle dit non. elle dit : je vis et ça me suffit bien. pourtant, quand elle danse, quand elle ondule, quand elle tourne, quand elle coule, quand elle vole, presque, quand son coeur s'emballe au rythme de ses pieds nus qui frappent le sol, presque avec violence, surtout avec envie, quand elle danse, oui, on bascule dans un autre monde, presque. à l'ombre de la réalité. c'est comme si la terre accélérait sa ronde pour vous faire perdre pied, comme si le soleil brillait plus fort pour elle seulement, comme si elle était dieu et que vous n'étiez que poussière. c'est chez vous qu'elle allume le rêve. et c'est à vous d'y prêter oreille.
kishi. kishi, regarde tes rêves.

~ mise en situation obligatoire.
Nanaka est là, elle t'attend. alors que tu rentres dans sa tente, seul logement encore sur le sol, elle te détaille, et tu t'attends à voir son sourire édenté très prochainement. les volutes et les effluves qui te prennent aux narines et te piquent le nez se mélangent, donnant une odeur finale qui est à la fois enivrante et entêtante. elle ne dit rien, nanaka, elle te tend seulement les mains, de façon à t'inviter à t'asseoir face à elle. alors tu t'exécutes. vivement, ses mains viennent saisir les tiennes, et elle te dit d'inspirer, fort, longuement, pour t'imprégner de l'odeur. alors, les volutes et arabesques de fumée rentrés en toi, tu sens une drôle de sensation t'envahir.

La fumée épaisse pénètre mon crâne. Le rideau tombe à l'intérieur et tout devient noir. Mon souffle s'accélère : je recherche la lumière. La lune, les étoiles, n'importe quoi. Quelque chose à quoi me raccrocher. Une luciole, des yeux qui brillent, le lac qui scintille. Mais il n'y a rien. Le noir est trop noir. Le noir n'est rien. Le noir est tout. Mon cœur bat vite – peut-être un peu trop. Je ressens ses pulsations dans mon corps tout entier : mon cœur bat dans mes mains, dans mes yeux, dans mon ventre et dans chacun de mes orteils. J'ai peur. J'ai peur mais je ne crie pas. Kishi ne crie pas. Kishi est forte. Kishi est reine. Kishi ne tremble pas. Kishi est belle. Autour de moi, le silence entêtant. Et cette odeur d'encens, cette odeur d'épices, cette odeur de vie, toujours. Si forte. Si douce. Presque cruelle. Nanaka ne bouge pas, Nanaka ne parle pas, Nanaka oublie de me guider de sa voix qui semble avoir connu la vie entière. Nanaka, où es-tu? Je ne sens plus tes mains. Nanaka, tu m'as laissée? Je crois que je suis seule. La peur me tord le ventre. J'ai envie de vomir. J'ai l'impression de mourir.

Alors je me lève. Comme pour me prouver à moi-même que oui, je suis vivante. Que la mort est loin. J'avance en titubant, je trébuche et j'hésite. La fumée noire s'accroche à mes cheveux, à mes doigts, poisseuse, épaisse, dégueulasse. Elle colle à ma peau et salit mes rares pensées. Nanaka, où suis-je? Quelqu'un commence à taper sur un tambour, de plus en plus rapidement. Boum. Boum. Boum. Le son résonne et persiste, même quand je me bouche les oreilles, fort, si fort.

Une voix s'allume. Plus forte que celle du tambour. Elle dit, retourne-toi, kishi, retourne-toi. C'est ma voix, c'est ma voix que j'entends, c'est ma voix. Je me retourne. regarde la lumière. La lumière. Tout au bout. Tout au bout, il y a la lumière. Mon cœur ralenti – le joueur de tambour fait de même. La lumière, faible, filtre à travers l'obscurité et je cours, je cours, et je tombe, je me relève, et je cours. La lumière grandit et je voudrais l'embrasser. Je m'arrête enfin, à quelques mètre de la lumière, si douce, si forte, si chaude. La lumière. Salvatrice.

Ses yeux sont bleus. Bleus comme le sang, bleus comme la terre, bleus comme la vie. Son regard m'embrase et le tambour cogne si fort que je crois m'évanouir. La fée dans le noir – mais les fées n'existent pas. La fée dans la nuit, la fée dans ma nuit – la fée dans mon crâne. Sa voix à elle, sa voix d'enfant, sa voix de rien du tout, s'élève et l'histoire commence, et les paysages défilent sous mes yeux. Et, doucement, le soleil se lève enfin sur ma nuit sans étoiles.

Mon cœur explose, le tambour se brise, et je comprends : c'est dans mon propre crâne que je cours, c'est dans mon propre crâne que je me perds, dans mes propres pensées que je coule. La fée sourit et, dans un souffle et sans un mot, je tourne les talons. Je retourne me perdre dans le noir. Mon noir.

pseudo/prénom - bord de ciel/clara(lafée). âge - cent trois ans, depuis hier. avis/autre - genre je vous aime pas, genre c'est moche ici, genre je suis en train de squatter l'ordinateur de mon frère pour m'inscrire avant samedi, genre vous êtes les personnes les plus méchantes de l'univers, genre votre contexte c'est de la merde, genre ça ne m'inspire pas du tout, genre kishi de toute façon c'est une connasse, genre je me tais aussi.