Ferme les yeux. Inspire. Expire. Et maintenant, qu'est-ce que tu désires ? L'éloignement. Tout recommencer à zéro. Oublier les problèmes. Avoir ce que les autres ne peuvent pas obtenir : une remise à zéro de notre passé. Une renaissance. Loin.

Ils sont tous là. Tous là, autour du feu, au beau milieu de ce que certains d'entre nous s'amusent à appeler « une place », « la place du village ». Tout le monde est là. Tout le monde est venu écouter la guitare de Paco, comme chaque vendredi soir : le soir où toute la communauté se réunie pour célébrer son existence, et les nouveaux-venus, et ceux qui restent depuis des années, depuis des générations, depuis la création. Paco aime dire qu'avant, dans sa ville natale, il était un musicien reconnu, mais personne ne le croit vraiment. Mais tout le monde est là. Même Aponi, petite dernière, petite timide est là, et fait briller sa peau près des flammes, sans oser dire grand chose, Sitka à ses côtés, dans les bras de Nita. Parce que toutes ces personnes recherchent la même chose, et sont réunies pour l'avoir : Andesquacaon. La paix. La paix au milieu des arbres, de la forêt, de la Nature. La paix près du glacier, du lac, près du feu, près des autres. La paix loin de la société oppressante, loin de toutes ses choses qui les ont poussé à quitter l'endroit où ils étaient pour venir ici. La paix loin d'Internet, de la télévision, et des téléphones. Vivre en communion, vivre avec la Nature, les animaux, la flore qui les entoure. Vivre dans les arbres, dans des cabanes, et dans ce petit village, cette petite communauté, créée il y a tellement longtemps que personne hormis Nanaka ne se souvient de la date exacte. Mais peu importe. Ils sont venus pour trouver ce qui leur manquait, pour recommencer leur vie, avec une nouvelle identité, de nouvelles habitudes, de nouvelles personnes. Pour vivre au rythme des légendes et des rituels des créateurs, des amérindiens.

Alors ferme les yeux. Ferme les yeux, inspire, et expire un grand coup. Et toi, toi là, qui m'écoute parler. Pourquoi ne viens-tu pas ? Pourquoi tu ne laisse pas tomber le consumérisme, le matérialisme, toutes ces choses qui polluent ton ciel et ton esprit, qui t'empêchent de voir qui tu es vraiment, tout au fond. Qui te changent, qui te souillent, quand même. Qui te modèlent. Pourquoi tu ne viens pas ?