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LA LISTE DES TOTEMS A ÉTÉ COMPLÉTÉE - n'hésitez pas à aller voir. (tala) nos coeurs saignent. 29532012
LE PREMIER TOPIC COMMUN A ÉTÉ POSTÉ, vous trouverez toutes les informations relatives à l'intérieur du sujet. (tala) nos coeurs saignent. 2600082744
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 (tala) nos coeurs saignent.

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Kele Halian
c'est ce dont il était la proie, les remous dégradants qu'entraînait le sillage de ses rêves, qui l'ont rendu sourd.
ANIMAL TOTEM : grenouille.
RÔLE : conteur.
AGE : vingt piges.

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Kele Halian


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MessageSujet: (tala) nos coeurs saignent.   (tala) nos coeurs saignent. EmptySam 16 Fév - 16:34



i keep my eyes open, my lips sealed, my heart closed, and my ears peeled. Make ash and leave the dust behind, lady diamond in the sky. wild light glowing bright to guide me when I fall.


Je jette un regard en arrière avant de m'enfoncer dans les ténèbres d'un sentier excentré. L'agora illuminée m'abandonne sans regret. L'épicentre sacré du village, épargné par les ombres simiesques des grands arbres penchés, exsudant éternel l'activité tumultueuse de la communauté, ce cœur à vif, pompant les couleurs, palpitant l'existence, sanglant toujours d'une lumière chatoyante, de l'éclat des flammes, m'a aimablement rejeté vers les ombres. Je déambulais oisif sur la terre brute et brûlante, fasciné par les mouvements colorés des filles en robes, leurs chairs solaires dévoilées par la course, traînais sans but au creux de la place en dessinant d'un doigt hasardeux une divinité imaginaire, aux ailes brisées, au masque cruel, en feuilletant un livre emprunté, en lançant aux cueilleuses des conneries un rien enjôleuses. Flânais sous la chaleur, sous la moiteur, les yeux levés à l'azur dévoilé, découpé par les cimes des chênes immenses; flânais tant et si bien qu'un ancien m'a chopé par le col pour m'envoyer user mon inutilité dans la forêt. « va aider les chasseurs, kele. »

Je ne sais pas aider les chasseurs. J'avance entre les arbres et suit le rythme de mes pas sans me guider tout à fait. Je ne sais pas aider les pêcheurs, les apiculteurs, les cueilleurs ; je me trompe de fruits, je me laisse séduire par les baies empoisonnées, je m'emmêle dans les filets, je vise n'importe comment, je parle aux abeilles, j'aime pas les combinaisons, j'aime pas la mort, j'aime pas le silence. Sous la canopée glaciale, dans la pénombre soudaine du bois sauvage, des feuillages étroitement entrelacés, gracieusement nocturnes, je m'arrête une seconde pour prendre mes repères et grandir mes pupilles ; je connais les chemins, je connais les sentiers cachés, les veines naturelles du sol, entre les bosquets anarchiques et à travers les racines millénaires, et malgré tout au fond du ventre j'ai encore la discrète frayeur de cette solitude pesante. Il n'y a que moi, mon souffle, mon pouls, mon pouls follement lancé au creux du crâne, entre mes tempes, sous la fragilité de mes côtes malmenées, et aussi tendrement les murmures des ailes éloignées, des courses invisibles, le grattement d'une patte et le chant d'un oiseau lointain. Il n'y a que moi et la nature, la nature qui n'est pas prête sans doute pour mes bavardages futiles, pour un cri ou pour un rire. Naturellement, inconsciemment, je me fond au sauvage ; mes pieds évitent les obstacles, contournent les embûches, et ne font que chuchoter désormais leur passage entre les branches, et les brindilles ; et puis, malgré moi oppressé par la violence de cette immensité, la terrible grandeur du monde immobile, solennel, la puissance de la forêt qui m'écrase et me dépasse de toute son inarticulée splendeur, j'entonne un chant autochtone, à voix basse. Je me prends par la main, je me rassure, je m'insinue au sein de Nature en dépassant cette surdité factice qui toujours me terrifie.

Alors, avec les syllabes sanctifiées, la mélodie ancestrale, avec ce nouveau tempo jeté sur ma langue comme le suc d'une fusion latente, je suis enfin paisible, enfin capable de savourer la mouvance infinie de l'univers qui m'accueille, et délicieusement m'étouffe. L'ombre est éternelle, sous les courbures douloureuses des troncs antiques ; à la faveur des feuillages, au délice de l'ombrage, je frissonne parfois, et sent s'élever sous ma chair le tremblement enivrant des souffles frais ; et entre les branches parfois s'insinue les dorures des astres, des formes ethniques, tribales, peintes au sol sombre comme le tatouage d'une tribu divine. Je suis seul avec mon corps, et ma pensée, et mes angoisses, et néanmoins je sais que cette fois mon pouls s'apaise, et suit machinal la danse de ma voix longue et basse. Je fais courir mes phalanges sur les souches rugueuses, égratigne ma peau aux aspérités de ces arbres qui m'enchaînent et m'hallucinent, ces silhouettes graciles, monstrueuses, avortées par la petitesse médiocre de ma vision humaine ; vénérées pourtant dans la tradition d'amour, de respect qui coule au creux de mes réflexes, de mes nervures, de mes pensées. La forêt est propice aux hallucinations ; sous mes pas, sous mes paumes, je sens le cœur humide des sèves innombrables.

Je n'avais pas réfléchi aux chasseurs. Je n'avais pas pris le temps de mettre sur leurs identités multiples une image particulière, et j'avais, impudent, décidé de m'offrir au premier qui croiserait ma route, pour qu'il me traîne quelques heures en fardeau dans son sillage agile ; je n'avais pas pensé à Tala. Lorsque la tendre transe des séductions sauvages se perce et se taillade à l'image humaine, lorsque le regard de Tala me perfore, encre et ténèbres au fond de mon abdomen comme une lance, je me sens chevreuil pris d'assaut, proie surprise, touchée, agonisante ; mon estomac brûle à la blessure imaginaire, et le cœur cesse la sarabande de ma berceuse. Tala m'a sans doute entendu venir ; les mots anciens s'éteignent sur ma bouche, s'évanouissent sur ma langue, laissent enfin place à l'effervescence des alentours, les croassements d'une corneille proche, le mouvement soudain d'une envolée ténébreuse ; et je reste figé à quelques pas, sans trop savoir que faire. Je sais que je peux pas fuir maintenant ; quelque part, aux tréfonds des entrailles, près des angoisses et des tourmentes, l'orgueil me pince et me brûle, l'orgueil m'ordonne de rester, de ne pas ployer aux hybrides encore inconnus que Tala éveille en moi. L'hybride d'une peur étrange, d'un malaise chimérique, d'une chaleur révolue. Je reste au fond de son regard sans pupille, je reste au fond sans ciller, et pourtant je meurs de ciller enfin, de fermer la paupière, et de prendre la fuite.

« On m'a demandé de t'aider. » L'aider à quoi ? Elle n'a pas besoin de mon aide. Je sais qu'elle le penserait et, stupidement, je voudrais m'inventer chasseur hors pair, génie de la mort, splendeur du meurtre, pour contredire la voix inventée de Tala, celle que j'imagine et qui parfois me hante dans la distance.
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Tala Sakari
souveraine et affamée. tant blessée, toujours traquée. son pas ondule dans la nuit, dans tes rêves et dans ta vie.
ANIMAL TOTEM : le scorpion.
RÔLE : chasseuse.
AGE : vingt ans.

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Tala Sakari


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MessageSujet: Re: (tala) nos coeurs saignent.   (tala) nos coeurs saignent. EmptyDim 17 Fév - 1:15

La carcasse sonne creux. Le souffle est transparent. À travers la lourdeur du silence, j'écoute le frémissement des feuilles. Le temps qui passe. La furtivité des bêtes qui tentent de se cacher. Les illusions créées par le ciel s’amassent dans ma boîte crânienne, se tissent dans l'ébène de mes cheveux. Mes pupilles rondes et pleines s'égarent, se perdent et s'emmêlent. J'ai le cerveau lassé, l'âme essoufflée en ce jour étrange. Mes pas muets se fondent, disparaissent dans la douceur humide de la terre. Ils s'évaporent comme une brise tiède et l'éphémère me caresse, m'improvise en fille du vent. Je ne sais pas où je vais. Non, je ne sais pas. Je sais juste que c'est le bon chemin. L'âme est vulnérable. Je plie sous le poids de l'usure et la nature a dérobé mon cœur pour apaiser la douleur. Pour effacer toutes les incertitudes qui parsèment l'abîme sommeillant dans ma poitrine. Les rayons qui transpercent le feuillage des grands chênes, des conifères et des bouleaux s'attardent sur ma peau, réchauffant avec une douceur chimérique le froid polaire de ma conscience. Ma tête est pleine, fissurée d'être trop lourde. Et je tourne en rond, comme une lionne tenue par ses propres chaînes. Ma quête vers l'impossible s'échine sur le dos du monde. Je voudrais récupérer ma voix, délier mes mots. Transformer les effluves qui chahutent ma sérénité en vague lancinante. Je laisserais les idées écorchées naviguer vers d'autres lieux. Loin de moi, loin de ma fuite.

La forêt, de ses branches puissantes et rassurantes, m'enlace depuis des heures. Au loin, mes iris redessinent la silhouette robuste de la montagne et redescendent vers les éclats cristallins du lac infini au pied des rochers immobiles. D'ici, lorsque je me concentre bien, j'arrive à capter l'écho lointain et parfumé du village qui respire la vie, les rires et j'écoute; sans comprendre pourquoi je ne suis pas capable d'être là-bas. Avec eux. De partager et d'apprécier simplement la présence de l'autre. Parmi le peuple des arbres, au sein de la faune et de la flore, je suis princesse. Descendante de la reine terre. Les animaux connaissent le langage de mes yeux. Le sol végétal connait mon cœur qui crie, qui meurt et qui reprend son souffle parfois. Je me perds, dans ce silence qui m'oppresse mais que je ne peux pas lâcher, auquel je suis reliée. Parfois je voudrais savoir. Savoir manier les phrases. La voix surtout. Laisser les silences s'échapper en notes mélodieuses. Je voudrais comprendre pourquoi je ne peux pas. Pourquoi je ne peux plus. Pourquoi. Toujours pourquoi alors que les réponses ne m'intéressent pas.

Sous la déception personnelle, mes doigts se crispent autour de mon arc. J'ignore le dégoût, la vocifération de mon être contre mon âme et mes muscles, toujours tendus, se blessent dans leur propre ploiement. Mon regard d'un noir opaque dévisage des êtres qui n'existent pas. Des chimères abandonnés et d'autres si proches mais si éloignées. Les voix anéantissent mon calme et la furie chatouille mon abdomen, fait trembler un peu mes os. Les veines calcinées par un acide imaginé, je me rappelle des temps passés. Des espoirs échangés et des regrets toujours aussi amers. Tout est sombre. Le soleil se déplace et les rayons offrent leur compassion à d'autres existences. Je ne suis plus. Plus qu'un grain de poussière bousculé par une violence insensée et incomprise. Loin d'être désirée et pourtant aussi addictive que l'opium des spectres argentés. Les repères titubent, les vertiges enveniment. Je regarde vers le rien, vers le tout. Je ne saisis plus et je me noie. Dans mon propre moi. Dans Tala. Dans Ceeta. Peut-être dans Ceela. Non.

Je ne veux pas. Il ne faut pas.

Le cœur virevolte, s'offusque et dérape. Les battements engagent la frénésie et dans ma tête résonne le bruit lourd et plein des tambours. Les ombres me tiennent, s'accrochent à mes courbes et à mes os. Retenir la respiration, étreindre la trachée et suffoquer. Le craquement d'un morceau de bois s'égosille. Il court jusqu'à mes tympans, m'offre délivrance et m'avertit de sa présence. La sienne à lui. À son regard sombre, rehaussé de couleurs lunaires. À son visage singulier, gravé dans mes soupirs oubliés. Dans mes sourires abandonnés. La paralysie envahit chaque particule et mes gestes deviennent tout aussi saccadés, qu'incertains. Qu'est-ce qu'il fait là ? Pourquoi n'est-il pas au village, avec les autres ? Je cherche dans les profondeurs de son regard quelque chose, une lueur à laquelle m'accrocher. C'est l'inconscience qui me pousse à espérer, à attendre que cette éternité d'incompréhension s'éteigne et que le déchirement ne soit plus rien qu'un souvenir invisible. C'est demander l'impossible, espérer l'improbable. « On m'a demandé de t'aider. » Je tourne la tête, quitte ses yeux comme pour fuir les trésors que je pourrais y trouver. Fragilité m'empoisonne, fait vaciller mes jambes fines et félines. Je continue ma fuite. Ma traque. Ma quête vers une cible à abattre en espérant que ça tue, par la même occasion, le reste de ces sentiments abscons et brouillons. Kele. Tu m'assassines et pourtant avec toi, j'ai cru frôler la vie.

« Tu aurais pu aider les autres chasseurs. » La voix claque. Le ton est sec, neutre, glacé. J'aurais voulu le faire disparaître dans les volutes des encens qui lui font quitter la terre ferme et réelle. J'aurais voulu l'écorcher, à coup de pierre et de morsures. J'aurais voulu qu'il saigne. Tout ça parce que dans l'ombre de notre passé, il y a la luminescence tant recherchée, la chaleur tendre et protectrice mais nous, on ne s'aime que sur des souvenirs et moi, je suis lassée de nos fantômes. De nos peut-être indéterminés. Pourtant le nœud se forme dans mon estomac, remonte jusqu'à ma gorge abîmée par le mutisme. Pourtant je flanche sous toi, sous ce nous proscrit. « Mais maintenant que tu es là... » Toujours sans le regarder, mes pas continuent leur chemin sinueux. La démarche est subtilement bancale, secrètement hasardeuse. Et le tambour frappe plus fort dans ma poitrine.
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MessageSujet: Re: (tala) nos coeurs saignent.   (tala) nos coeurs saignent. EmptyDim 17 Fév - 19:35

La froideur, dans la brûlure tropicale qu'exhale autour de moi la forêt vivante, la forêt et ses feuilles aux souffles humides, aux caresses moites, la froideur est terrible et me rentre au fond de l'être à l'instar d'un éclat de miroir. Je la contemple toujours, presque fauché par la provocation, par ce coup de sifflet, cette alarme qui crie que la joute a démarré, sur les chapeaux de roues, qu'on m'encourage à la réplique ; sous le plexus solaire, entre mes poumons, le miroir est glacial, il bouge avec mon corps qui continue malgré la plaie, qui avance et bée sur mon humiliation anticipée, il bouge et renvoie au creux de moi le reflet du cœur qui saigne ; je le sais kaléidoscope. Sur les parois de mon corps j'imagine les prismes multiples de ces organes meurtris, de ces battements irréguliers, la pression terrible de l'hypnose ; mon visage se ferme immédiatement dans le blizzard de cette voix qui avant ressemblait à la forêt – tropicale, et vivante, et chaude.

Je connais le jeu. Le jeu, c'est d'éviter Tala. D'autoriser mes yeux, seulement mes yeux ; mes yeux sur elle, d'abord, sur l'éclat solaire de sa chair découverte, sur l'encre de ses cheveux mouvants, sur la sveltesse animale de ses mouvements qui me prennent au ventre, qui me soufflent une danse immémoriale ; et parfois, par hasard, sur une inspiration perdue, parfois l'abysse de son œil sans pupille, croisé, observé, accroché dans la soif terrible de ma propre faiblesse, avant de s'éclipser d'un battement de paupière. Les règles sont respectées ; les paroles sont rares ; la punition lorsque je triche, c'est ce malaise atroce, ce mensonge d'hier, une maladresse tragique qui souille le souvenir rutilant d'une beauté ancienne, d'une complicité si particulièrement éternelle, si particulièrement unique qu'elle en devenait, - pour l'oeil nu, pour le vil œil humain, celui qui n'était pas mien ni sien et de fait perdait de sa pénétration divine -, discrètement absconse. Je la rejoins et le miroir lance en mon sein l'image hybride de mes entrailles douloureuses et de son visage rigide, la marque seigneuriale des os princiers surtout.

Je la suis. Elle m'a abandonné. Elle s'est détournée de moi en exsudant sans pitié une hostilité latente, parce que je suis en trop, parce que je suis intrus. Intrus dans sa forêt à laquelle pourtant j'appartiens : je me demande souvent si ces étrangers, ceux qui ne sont pas nés ici, connaissent la vérité haute, le despotisme de cette nature qui nous berce par charité, s'ils comprennent que nous sommes fils des arbres et seulement offrandes, seulement pantins ; que l'exploitation de ces sources vitales reste un don universel. Je me demande si ce terrain qu'ils apprennent à connaître, qu'ils savent aujourd'hui maîtriser, lancés sur les sentiers secrets, maîtres des écorces, meurtriers de la faune, magiciens de la flore, leur semblent la plaine d'une distraction céleste, un jardin des désirs. Nous, nous savons que comme tous – comme la mousse, comme les palmes, comme les oiseaux et ces chevreuils qui s'écroulent à la flèche -, nous avons le droit, mais non pas la régence. Je suis Tala qui se meut avec la brise, avec la chaleur, et je contemple son dos encore en silence.

Sous le tissu léger ses omoplates saillent et disparaissent comme sous la chair d'une panthère ; et l'ondulation de son corps m'envoûte un moment comme une mélodie soudaine, la chanson chuchotée d'une ivresse, avec des accords de douce flûte, dans la fumée d'un opiacée envoûtant, je suis à quelques pas, à quelques pas des os qui saillent et disparaissent et de la chanson de la flûte, des syllabes inventées, entonnée dans la langue des ancêtres comme une poésie mythique, je l'entends scandée sur le tambour profond de mon cœur qui s'est transformé en cadence sensuelle. Je remarque, malgré le confort de mon corps au creux des arbres et sur la terre meuble qui s'enfonce à mes pieds, le silence qu'elle véhicule, la discrétion de ses pas, et surtout l'ondulation terrifiante, animale de ses gestes comme ceux d'un vent nouveau, d'une créature légendaire, amante de la forêt, offerte aux pénombres équivoques des frondaisons.

La blessure reste immortelle ; entre les poumons j'ai sa voix froide, coincée, coincée aux verges des gouffres meurtris, des parois sanguinolentes, ainsi figées par l'hypothermie de ma souffrance secrète ; métaphoriquement, à l'intérieur, au fond de mon crâne ou au fond de mon cœur, je ferme les yeux sur ma brûlure lancinante, sur mon souffle qui se fait difficile, qui se fait brisé, sur mon pouls heurté, et ma voix qui mille fois s'amorce et mille fois se meurt, hésitante, réfléchie, que dire, que faire, comment agir, comment triompher? car il y a la fuite, la peine de cette distance entre moi, et les omoplates en vagues aquatiques sous la peau astrale, mais aussi le besoin viscéral de triomphe, de souffrir pour quelque chose, de tromper la mort, encore un peu, encore quelques minutes, pour riposter enfin, froideur à froideur, éclat à éclat, plaie à plaie. Je sens mon corps sans le guider ; il poursuit l'itinéraire, les mains dissimulées dans mes poches, l'ombre sur la nuque. Je dis : « les garçons n'ont pas besoin de moi. » ; ma voix est moqueuse, elle me claque à l'oreille, et je regrette, et le coup est bas. Elle est la seule chasseuse, la seule qui, il y a longtemps, dans nos iris un peu obsolètes, dans nos stéréotypes un peu immuables, a dû chercher l'approbation finale, et montrer sa valeur dans les couleurs enfumées de la place.

Je l'ai rejointe, cette fois ; je marche près d'elle, je devine encore les ailes atrophiées de ses épaules comme des métronomes près de mon corps qui se maintient ; je susurre, toujours insolent, amusé et insolent, alors même que le triomphe s'enchante, et que la plaie se lamente ; je ne peux pas me satisfaire tout entier, avec Tala, je ne peux que perdre, et me faire honte, mille fois me faire honte : « alors, t'as déjà attrapé quelque chose ? »
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Tala Sakari
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MessageSujet: Re: (tala) nos coeurs saignent.   (tala) nos coeurs saignent. EmptyMar 19 Fév - 2:02

Il aurait fallu que je sois douce. Aussi douce et tendre que les nuages au dessus de nos têtes. Il aurait fallu que mon cœur se déleste de toutes épines, de tous crimes pour connaître enfin Kele et toute sa profondeur sous-estimée. Tant de fois, j'avais désiré l'accaparer. Dérober son attention encore un peu enfantine. Attacher la fièvre de ses regards aux miens, à mon corps et au secret bien caché derrière l'indifférence nauséabonde. J'aurais voulu être à ses côtés, au creux de son monde imaginé, aux portes complètement fermées. J'avais rêvé l'accompagner. Mettre ma main dans la sienne et ne plus jamais la quitter. Mais il a toujours préféré l'ailleurs. Le délirium de ses contes tant de fois récités. Au fil du temps, j'avais perdu de mon éclat. L'intensité s'est effilée sous ses soupirs lassés et les différences ont creusé la distance ésotérique. Le malaise; cracheur de venin. Et les épines, autour de mon cœur, n'avaient fait que prospérer. Le tiraillement au creux du ventre, je n'étais plus capable. Les méandres de notre union poussiéreuse aspiraient avec violence; toutes mes forces. Tous les espoirs jamais dits, jamais murmurés.

Les douleurs sont susurrées et les maux emplissent ma tête, l'alourdissent et me donnent le vertige. Les incompréhensions me brouillent, entravent ma fausse liberté et je capitule presque sous le poids de l'ironie qui s'apprête à polluer mon air et à me faire pâlir. J'imagine les répliques coupantes, les gifles verbales et les regards soumis à l'amalgame de nos coups bas. Les cataclysmes m'éloignent toujours un peu plus de l'étreinte attendue. De la collision irréelle de nos lèvres avides et absentes. Perdues et perforées par des heures frustrées et des émotions lacérées. Je ne peux exprimer le vide qui me salit. Les hurlements qui gémissent dans mon crâne affaiblissent la faiblesse. Je ne vaux rien aux côtés de Kele et toutes les ombres souriantes, toutes les confrontations guerrières de nos pupilles ne sont que mensonges. Les alentours deviennent nébulosités indéchiffrables. Je perds les repères tout comme le Nord. J'observe, avec mes pupilles presque salées, les arbres qui s'ajoutent. Les herbes sans noms et le reste, tout le reste qui devient insipide d'opacité. Le paradoxe qui vole ma raison, qui la déchire en plusieurs morceaux et que les dents de Kele mâchent soigneusement. Tout perd son sens et moi aussi.

Il m'a arraché les cordes vocales. D'un regard. D'une simple présence monochrome. Et l'aphonie est parasite.

Son intonation est railleuse. L'acide de l'ironie perceptible. Dans ses mots meurtriers, je me noie dans l'étendue aride qui couvre nos anciens émois. Nos anciennes promesses. Surtout les miennes. Le temps s'étire jusqu'aux limbes de mes psychés. Toute ma fierté tourne au ridicule et pour une fois, mes crocs se cachent. Mes armes s’ensevelissent sous la lassitude intemporelle. Mes pas s'enchaînent. Plus rapidement et fuient Kele. Dépassent les masses gaussiennes et verdâtres. Terrassent les émotions furtives et lâches.

Le regard refusé et les vestiges de notre passé enterrés; je décapite les prémisses d'une renaissance. Défigure nos caprices sentimentaux. L'histoire est tâchée de ratures. Les bavures d'encre décorent les pages, autrefois immaculées, de notre amour. Tout est sale. Surtout nos voix. Surtout la sienne. « Ça te ressemble tellement. » Le soupir mortuaire, la douleur à moitié avouée. Comme pour répondre à son ignorance naïve, je dégueule l'accent hautain. « L'enfantillage. » Et la vacuité dégrade ma fierté. Terrorise les lambeaux de mes attentes.

C'est la déception qui m'engouffre dans son océan d'impolitesse allégorique. Mes futurs n'ont aucun sens. Mes hiers sont calcinés par cette incapacité magnifique d'aimer. Cracher l'amour, exalter la haine. Tout est si facile. Tout est si simple. Corrosif et vomitif.

Heurtée et malmenée. Valdinguée et chiffonnée. Je ressemble à ces poupées fissurées. Leur regard empli de rien. Leurs gestes à jamais éteints. Je suis sombre. Je ne suis rien. Les politesses sont inutiles. Je ne veux plus discuter ou faire semblant d'aimer, d'apprécier. Je divague et finis par tomber dans ma propre folie. Mes jambes s'arrêtent. Je me retourne comme un coup de vent, une gifle inattendue. Et l'éclair traverse mes cieux. « Je n'en sais rien. Je m'en fiche éperdument. Je ne veux pas faire la conversation avec toi. » Je mords. Encore. Plus fort. Et toi, tu avales mes mensonges. Toujours.

Le regard noirâtre, ravivé par le poison devient fièvre et embroche le sien. Mes pas de velours, bercés par l'inaudible, s'approchent tout près pour ne laisser qu'un ou deux centimètres entre nos visages. Puis je regarde les lèvres. Peut-être brûlantes et j'imagine les miennes hésitantes, désireuses d'oublier le temps qui nous sépare et les orages qui nous foudroient. Je pourrais, tout détruire. D'une main de fer, d'une main reine. Le reprendre, abuser d'une peut-être faiblesse que j'aime deviner. Puis je recule et me retourne.

Déjà oubliée mon échappée belle. Déjà enterrée la douleur de nos lèvres fusionnées.
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MessageSujet: Re: (tala) nos coeurs saignent.   (tala) nos coeurs saignent. EmptyMer 27 Fév - 11:34


Je m'en mords évidemment les doigts, jusqu'aux phalanges, jusqu'à la paume ; elle me décime d'une syllabe hivernale, d'un coup de dent au cœur du cœur. Je sais pourtant, j'ai toujours su que je ne pouvais pas combattre la Louve, et que mes insolences juvéniles sombraient rapidement au fond des abîmes de son mépris, de son sang-froid, de ses silences ; j'ai toujours su qu'elle avait le pouvoir des cauchemars, le contrôle des souffrances, alors que je n'étais bon qu'à illusionner éphémère les yeux dociles des grands naïfs. Je plisse les lèvres et je continue près d'elle ma route ; par orgueil, je n'accepte pas de me faire distancer, même physiquement, et mon pas se calque au sien qui tremble, qui sursaute, et qui se faufile entre les racines de la terre comme la patte dansante d'un grand félin. Je ne sais pas ce qui s'est passé ; mon esprit pourtant si infiniment fécond ne peut plus avancer, ne peut plus s'extirper du marécages de mes regrets multiples, de mes recherches vaines, et repasse encore et encore les images de mon idylle meurtrie – de mon unique idylle, moribonde, silencieuse, abandonnée à l'agonie dans les ténèbres de mon inconscience. Je ne veux pas y penser ; je ne veux jamais y penser ; voir Tala est une souffrance ; elle rappelle aux couleurs rayonnantes de mon imagination les fumées opiniâtres, ténébreuses de ces espoirs avortés, de mes projets foirés, et son visage, son visage surtout vient endormir toutes les muses du songe. Je sais que je dois combattre ; la tentation de s'abîmer dans la contemplation de Tala à jamais, et de flirter avec la noirceur de notre schisme, et de fermer les paupières pour me gorger sans cesse des aigus de son visage, des langueurs de sa bouche, des flocons de sa voix longue, la tentation est si belle, si haute, elle chante à mon cœur la litanie d'une sirène. Je m'entends ricaner sans savoir distinguer l'origine de ma provocation constante, du courage futile de la riposte ; quelque part, profondément, je voudrais simplement me laisser aller à terre, dans l'ombre, dans les moiteurs, et voûté pleurer ma douleur. Mon enfance. Notre beauté flétrie.

« Vieillarde. » L'insulte est susurrée sur le ton de la plaisanterie ; je ne la pense pas ; je la pense peut-être ; j'aimais et j'aime néanmoins. Vieillarde sans doute ; mais vieillarde chérie, et adorée, et vénérée ; la vieillesse de son esprit venait couver le mien, venait danser sur les accords de nos jouissives antipodes. Je suis du regard la courbe de sa mâchoire ample, l'élancée ondulation de ses joues lorsqu'elles se crispent, et se meuvent, avec les paroles et avec le souffle ; et soudain la lutte s'engendre. Je sens le geste fleurir à la naissance de mon épaule, dévaler les rivières de mes veines, dépasser l'obstacle de mon coude, et faire grimper réflexe mon bras, ma main vers le visage sombre, vers la joue proche ; c'est dans l'ultime sursaut de ma fierté bafouée, dans l'attention ralentie de mon cerveau hésitant, que j'avorte la caresse amorcée, voit mourir la vibration de mes phalanges, et l'élan de ma paume, et retomber mon membre acculé. J'aurais pu toucher encore une fois – une fois fatale, car elles sont chaque fois terribles, elles insufflent à mon corps la chaleur addictive d'une alchimie qui n'a plus lieu d'être et qui viendra me hanter sans répit lorsque la nuit tombera, lorsque la lune fera briller ses rayures équivoques dans la cabane, me hanter à force de regrets, de remords, me hanter comme le spectre d'une fusion défusionnée -, j'aurais pu savourer encore une fois la chair solaire, l'énergie qui la parcourt, lorsque les muscles s'activent sous la surface, et que la vie, la vie féroce de Tala brille, et brûle, et frissonne encore à mes doigts ou à mon souffle.

Mais la plaisanterie n'est pas acceptée ; elle se voit enchaînée, repoussée, écrasée ; et les froideurs de Tala attisent en moi la révolte de la maltraitance. Je veux croire que je ne suis pas en tort, et qu'on me bafoue sans raison ; je veux croire que tout, tout est sa faute, tout est entre ses mains, je veux croire que je n'ai pas fait l'erreur de me taire, d'abandonner, de me détourner sans une oeillade, sans un effort, sans un sursaut ; je veux réinventer le passé en rayant mon immaturité, mes terreurs, mes nonchalances ; je veux croire que ces garçons qui la regardent, et la connaissent, et la touchent et lui plaisent, ils auraient été là de toute façon, ils auraient été triomphants de toute façon, et que je n'ai pas perdu par vanité, pas perdu par insouciance. Je veux croire que l'erreur n'en était pas une ; je tique dans les glaces de Tala, souffre à ses piqûres, avale le poison, et du regard la foudroie sans pitié. Et pourtant j'ai pitié, j'ai si follement pitié : pitié de moi qui suis perdant, qui souffre l'abandon, et qui supplie silencieux pour l'absolution. « Joue pas à ça avec moi, Tala. Tu crèves de me faire la conversation, du moment que c'est toi qui gagne à la fin. »

Je m'arrête net, soudain lassé d'imiter la panthère, de chercher du regard l'ondulation de sa mâchoire, le flot de ses omoplates, soudain lassé de regarder en face le soleil de sa peau et le nocturne de son visage. Je regarde le sol ; mes pieds creusent la terre, machinalement, nerveusement, comme un gosse pris en faute ; j'arrête lorsque je m'en aperçois. J'ai les mains dans les poches ; et mes cheveux forment un rideau salvateur devant le visage atterré, terrifié qui se modèle.

« Ça fait longtemps. »

Je ne sais pas où je vais.
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